Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/39

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bord, sachons d’elle-même sa fatale destinée et son mal. Tu lui diras ensuite le reste de ses misères.

promètheus.

Il t’appartient, Iô, de les satisfaire. Après tout, elles sont les sœurs de ton père. Il est doux de déplorer sa propre destinée et d’exciter les larmes de qui nous écoute.

iô.

Je ne sais comment je pourrais vous refuser. Vous saurez clairement ce que vous demandez, bien qu’il me soit amer de raconter comment mon esprit a été troublé par un Dieu, et comment j’ai été misérablement transformée.

Sans cesse des apparitions nocturnes erraient dans ma chambre virginale et me caressaient de douces paroles : – Ô bienheureuse jeune fille, pourquoi gardes-tu si longtemps la virginité, quand de si belles noces te sont possibles ? Zeus brûle par toi, sous le trait du désir. Il veut posséder Kypris avec toi. Ô jeune fille, ne repousse pas le lit de Zeus ! Va dans la profonde prairie de Lerna, où sont les enclos et les étables de ton père, afin que l’œil de Zeus ne brille plus de désirs. – Et pendant toutes les nuits, malheureuse ! j’étais harcelée de tels songes, jusqu’à ce que j’eusse osé raconter à mon père ces apparitions nocturnes. Et lui, il envoya de nombreux messagers à Pythô et à Dôdônè, afin d’apprendre ce qu’il devait faire qui fût agréable aux Dieux. Et ils revenaient, rapportant des oracles ambigus et des paroles obscures et inintelligibles. Enfin la révélation fut clairement manifestée à Inakhos qu’il eût à me chasser de ma demeure et de ma patrie, pour que je fusse vagabonde