Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/46

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Prairies Gorgonéiennes de Kisthènè, où habitent les Phorkides, les trois vieilles Filles, semblables à des cygnes, et qui n’ont à elles trois qu’un œil et qu’une dent, et que Hèlios n’éclaire jamais de ses rayons, ni la nocturne Sèlénè. Auprès habitent leurs sœurs, les trois Gorgones ailées, aux cheveux de serpents, funestes aux hommes, et qu’aucun mortel ne regarde sans rendre le souffle vital. Je te décris ce lieu, afin que tu le redoutes. Mais voici un autre spectacle affreux : les Chiens muets de Zeus, aux museaux aigus, les Grypes ! Fuis-les. Fuis aussi l’armée des Cavaliers Arimaspes, à l’œil unique, qui habitent sur les bords du fleuve Ploutôn qui roule de l’or. Garde-toi de les approcher. Aux extrémités de la terre, tu parviendras chez les peuples noirs qui habitent aux sources de Hèlios, là où est le fleuve Aithiopien. Descends ses bords jusqu’à ce que tu arrives à la cataracte où le Néilos répand, des montagnes de Byblos, son eau vénérable et douce à boire. De là, tu gagneras la terre triangulaire du Néilos, où la destinée vous accordera d’habiter, toi, Iô, et ta race. Si mes paroles sont obscures et difficiles à comprendre, rappelle-les-moi, et renseigne-toi. J’ai plus de loisir que je ne voudrais.

le chœur des okéanides.

Si tu as oublié quelque chose dans le récit de ses courses lamentables, parle. Si tu as tout dit, souviens-toi de répondre à notre demande.

promètheus.

Elle a entendu tout le récit de ses courses errantes. Afin qu’elle sache que mes paroles ne sont pas vaines, je