Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/49

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Antistrophe.

Ô Moires ! Puissé-je ne jamais, jamais me voir entrer dans le lit de Zeus, ni jamais m’unir à aucun mari Ouranien ! Je suis épouvantée de voir cette Vierge ennemie des hommes, Iô, ainsi tourmentée par les courses terribles de Hèra !

Épôde.

Je ne crains rien d’une union entre égaux, mais que je sois préservée de l’amour des Dieux tout-puissants et de leur présence fatale ! Cette rencontre est invincible, et ce chemin est sans issue. Je ne sais que devenir, ni comment échapper à la volonté de Zeus.

promètheus.

Et pourtant, un jour, Zeus, malgré l’opiniâtreté de son esprit, deviendra humble, grâce aux noces qu’il médite et qui le renverseront de la tyrannie. Et, alors, la malédiction s’accomplira que son père Kronos lança, en tombant de son vieux thrône. Aucun des Dieux, si ce n’est moi, ne peut savoir sûrement comment échapper à ce malheur. Moi, je le sais. Qu’il siége maintenant dans les hauteurs retentissantes, fier de lancer de ses mains le Trait vomissant le feu ! Ceci ne l’aidera en rien. Il n’en tombera pas moins, par une ruine irrémédiable. Il se prépare maintenant lui-même un adversaire redoutable, un prodigieux et invincible ennemi qui inventera une flamme plus terrible que la Foudre, et dont le retentissement l’emportera sur le tonnerre, et qui brisera la lance de Poseidôn, le Trident marin qui ébranle les continents. Zeus, ainsi accablé, saura la distance qu’il y a entre commander et obéir.