Page:Leconte de Lisle - Eschyle (Lemerre, 1872).djvu/52

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crains absolument rien. Toi, reprends le chemin par lequel tu es venu. Tu ne sauras rien de ce que tu m’as demandé.

hermès.

C’est par une telle opiniâtreté que déjà tu t’es précipité dans ces tourments.

promètheus.

Sache-le, je ne changerais pas mon supplice contre ta servilité. Je pense qu’il vaut mieux être l’esclave de ce rocher que le fidèle messager de ton père Zeus. Ainsi, aux ignominies il faut répondre par des ignominies.

hermès.

Tu sembles te réjouir des maux que tu souffres maintenant.

promètheus.

M’en réjouir ! Puissé-je voir mes ennemis se réjouir ainsi, et toi surtout !

hermès.

Me crois-tu pour quelque chose dans ton malheur ?

promètheus.

Afin de parler nettement, je hais tous ces Dieux qui, chargés de mes bienfaits, me tourmentent injustement.

hermès.

Je vois que ta démence est grande.

promètheus.

Certes ! Si haïr ses ennemis est une démence.