parfum des moires
Moires infinies, chères filles de la noire Nyx, entendez
ma prière, ô Moires aux mille noms, qui, autour du marais
Ouranien, où l’Eau claire flue des rochers sous une
épaisse nuée, hantez l’immense Abîme où sont les âmes
des morts ; vous qui allez vers la race des vivants, accompagnées
de la douce Espérance et cachées sous des voiles
de pourpre, à travers la Prairie fatidique, là où la Sagesse
dirige votre char qui embrasse tout dans sa course, aux
limites de la Justice, de l’Espoir et des Inquiétudes, et de
la Loi antique, et de l’Empire régi par des lois puissantes,
car la Nécessité sait seule ce que réserve la vie, et aucun
autre des Immortels qui sont sur le faîte neigeux de
l’Olympos ne le sait, si ce n’est Zeus ; et la Nécessité et
l’esprit de Zeus savent seuls tout ce qui nous arrivera.
Mais, ô Nocturnes, soyez-moi bienveillantes, Atropos,
Lakhésis, Klothô ! Venez, ô Illustres, aériennes, invisibles,
inexorables, toujours indomptées, dispensatrices
universelles, Déesses rapaces, nécessairement infligées
aux mortels ! Ô Moires, accueillez mes libations sacrées
et mes prières, soyez propices à vos sacrificateurs et au
chant suprême qu’Orpheus a composé pour vous.