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Dixième siècle.

pas de reconnaître la souveraineté tudesque en Italie. Aussi, l’empereur n’eut pas plus tôt quitté Rome que Jean XII engagea secrètement Adalbert, fils de Bérenger, à s’unir à lui pour se débarrasser d’Othon. Celui-ci, averti, revint promptement, en 963 ; mais le pape eut le temps de s’enfuir. On réunit un Concile qui accusa le pefit-fils de Marozia d’un assez grand nombre de crimes, faux ou avérés, et l’accusé fut invité à venir se justifier. Jean XII répondit aux Pères qu’il les excommunierait s’ils osaient nommer un pontife, ce qu’ils firent peu après en ordonnant Léon protoscriniaire de l’Église romaine.

En 964, Jean XII, étant rentré à Rome, fit mutiler le cardinal-diacre Jean, puis déposa Léon et ceux qui l’avaient élu. Les écrivains ecclésiastiques disent que les mœurs de Jean XII étaient horribles ; rien n’est plus probable, mais ses mœurs étaient celles de tous ses contemporains, et, selon saint Augustin, tout est au mieux pourvu qu’on ait la foi.

Le pape Jean XII mourut en mai 964. Benoît V lui succéda.

Othon le Grand assiégea Rome cette année-là et s’en empara par la famine ; puis il fit élire de nouveau Léon VIII qu’avait déposé Jean XII. Un Concile réuni en 965 dégrada Benoît de l’ordre de la prêtrise et l’exila. Les Pères, le pape Léon, le cierge et le peuple confirmèrent à l’empereur et à ses successeurs le droit d’établir le pape et de donner l’investiture aux évêques, sous peine, pour qui s’y opposerait, d’être excommunié, exilé, ou