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POÈMES BARBARES.

Quand le ciel resplendit et s’ouvre ? Que mes frères
Déroulent le flot lent des hymnes funéraires,
Et sans prêter l’oreille aux vains bruits d’un moment
Qu’ils songent à renaître impérissablement ! —

D’une voix calme, ayant dit cela, le Très-Sage
D’un pan de son manteau se couvrit le visage ;
Et ceux qui saisissaient d’une robuste main
Les haches de granit et les glaives d’airain
S’inclinèrent autour du Vieillard prophétique
Par qui parlent les Dieux de la patrie antique,
Soumis à son génie, et certains qu’à l’instant
Où vient la mort, l’esprit monte au ciel éclatant.

— Hommes du Chêne, dit Uheldéda, la veille
Des neuf nuits, un cri sourd a souillé notre oreille ;
Mais ce n’est point un loup qui hurle, ce n’est rien,
Par les Dieux, fils de Math ! que l’aboîment d’un chien.

— Meurs donc ! cria Murdoc’h, meurs, selon ton envie.
Mourez tous, ô Païens que le Démon convie,
Vous qui du Seigneur Christ êtes les meurtriers,
Car la vengeance a faim et soif ! À moi, guerriers ! —

Et les flèches de cuivre à pointe dentelée
Sifflèrent brusquement à travers l’assemblée.
Et les harpes vibraient, sonores, et les voix,
Tranquilles, vers le ciel résonnaient à la fois ;