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POÈMES BARBARES.


Il est noble et grand comme Gabriel
Qui mena jadis au septième ciel
L’envoyé d’Allah, le très saint Prophète.
De ses cheveux blonds le rayonnement
L’enveloppe et fait luire chastement
          Sa beauté parfaite.

Ayscha le voit, l’admire et lui dit :
— Jeune homme, salut ! Ton front resplendit
Et tes yeux sont pleins de lueurs étranges.
Parle, tous tes noms, quels sont-ils ? Dis-les.
N’es-tu point khalife ? As-tu des palais ?
          Es-tu l’un des anges ? —

Le jeune homme alors dit en souriant :
— Je suis fils de roi, je viens d’Orient ;
Mon premier palais fut un toit de chaume,
Mais le monde entier ne peut m’enfermer.
Je te donnerai, si tu veux m’aimer,
          Mon riche royaume.

— Oui, dit Ayscha, je le veux. Allons !
Mais comment sortir, si nous ne volons
Comme les oiseaux ? Moi, je n’ai point d’ailes ;
Et, sous le grand mur de fer hérissé,
Abd-El-Nur-Eddin, mon père, a placé
          Des gardes fidèles.