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POÈMES BARBARES.

Or, que faites-vous là ? Rien. Moi, je vous le dis,
L’inactif n’aura point de place au Paradis ! —

Et moi, je vous le dis, après Christ, la Lumière
Qui s’en vint dissiper l’obscurité première,
L’Eau vive qui circule au sillon desséché ;
Je vous le dis à vous qui fuyez le Péché,
Et les fanges du siècle, âmes encor sans tache
Parmi ceux qu’en enfer Satan mène à l’attache ;
Ô princes ! — S’il en est ! — moines, prieurs, abbés,
Qui n’êtes point encor dans ses pièges tombés,
Mais qui, les bras croisés et les yeux pleins de larmes,
Pour le combat de Dieu n’endossez point vos armes,
Je vous le dis : Malheur ! Et quand le jour luira
Du dernier jugement, le Roi Christ vous dira :
— Arrière, paresseux ! cœurs tremblants, cœurs d’esclaves,
Je ne suis pas le dieu des lâches, mais des braves !
Qui de vous a souffert ? qui de vous a lutté ?
Allez ! Je vous renie, et pour l’éternité ! —




Voilà ce que j’ai vu par le nocturne espace,
En ce monde où l’agneau divin bêle et trépasse