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LA VIGNE DE NABOTH.


À toi qui fais du sceptre un assommoir, malheur !
Auprès de la fournaise ardente où tu trébuches
Le four chauffé sept fois est sombre et sans chaleur.

L’ours plein de ruse est pris dans ses propres embûches,
Et le vautour s’étrangle avec l’os avalé,
Et le frelon s’étouffe avec le miel des ruches.

Tu songeais : Tout est bien, car je n’ai point parlé.
Allons ! Naboth est mort ; sa vigne est mon partage.
Le Dieu d’Élie est sourd, le Fort est aveuglé !

Qui dira que ce meurtre inique est mon ouvrage ?
Le lion de Juda rugit et te répond.
Le Seigneur t’attendait au seuil de l’héritage !

Ô renard, ô voleur, voici qu’au premier bond
Il te prend, te saisit à la gorge, et se joue
De ta peur, l’œil planté dans ta chair qui se fond.

Vermine d’Israël, le Dieu fort te secoue
Des haillons de ce peuple, et les petits enfants
Te verront te débattre et grouiller dans la boue.

Le Seigneur dit : Je suis l’effroi des triomphants,
Je suis le frein d’acier qui brise la mâchoire
Des Couronnés, mangeurs de biches et de faons.