Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et là, durant le cours des âges j’ai nourri
De sagesse et d’amour tout un peuple chéri,
Peuple d’adolescents sacrés, race immortelle
Que le lion sauvage engraissait de sa moelle,
Et que l’antique Hellade, en des tombeaux pieux,
Tour à tour a couchés auprès de leurs aïeux.

Viens ! ô toi, le dernier des nourrissons sublimes
Que mes bras paternels berceront sur ces cimes,
Ô rejeton des dieux, ô mon fils bien aimé !
Toi qu’aux mâles vertus tout enfant j’ai formé,
Et qui, de mes vieux jours consolant la tristesse,
Fais mon plus doux orgueil et ma seule richesse.
Fils du brave Pélée, Achille au pied léger,
Puisse ton cœur grandir et ne jamais changer !
Ô mon enfant si cher, l’Hellade est dans l’attente.