Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21

Quand la chèvre indocile et les béliers blancs
Par vos détours connus, sous vos ombres si douces,
Dès l’aube sur mes pas paissent les vertes mousses ;
Que la terre s’éveille et rit, et que les flots
Prolongent dans les bois d’harmonieux sanglots ;
Ô nymphe de la mer, déesse au sein d’albâtre,
Des pleurs voilent mes yeux, et je sens mon cœur battre,
Et des vents inconnus viennent me caresser,
Et je voudrais saisir le monde et l’embrasser !
Hélios resplendit : à l’abri des grands chênes,
Aux chants entrecoupés des naïades prochaines,
Je repose, et ma lèvre, habile aux airs divins,
Sous les rameaux ombreux charme les dieux sylvains.
Blonde fille des eaux, les vierges de Sicile
Ont émoussé leurs yeux sur mon cœur indocile ;
Ni les seins palpitants, ni les soupirs secrets,