Souviens-toi qu’un dieu sombre, inexorable, agile,
Desséchera ton corps comme une fleur fragile…
Et tu le supplieras, et tes pleurs seront vains.
Moi, je t’aime, ô pasteur, et dans mes bras divins
Je sauverai du temps ta jeunesse embaumée.
Vois ! d’un cruel amour je languis consumée,
Je puis nager à peine, et sur ma joue en fleur
Le sommeil en fuyant a laissé la pâleur.
Viens, et tu connaîtras les heures de l’ivresse !
Où les dieux cachent-ils la jeune enchanteresse
Qui, domptant ton orgueil d’un sourire vainqueur,
D’un regard plus touchant amollira ton cœur ?
Sais-tu quel est mon nom, et m’as-tu contemplée
Lumineuse et flottant sur ma conque étoilée ?
N’abaisse point tes yeux. Ô pasteur insensé,
Pour qui méprises-tu les larmes de Glaucé ?
Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/51
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24