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Et s’attarde en chantant aux pieds de ses dieux morts.
Au désert, au désert, les sages et les forts !
Au désert, au désert, ceux que l’Esprit convie,
Ceux qu’a longtemps battus l’orage de la vie,
Ceux que l’impie enivre à ses coupes de feu,
Ceux qui dormaient hier dans le sein de leur Dieu.
Au désert, au désert, les hommes et les femmes !
Étouffons dans nos cœurs les voluptés infâmes,
Vers la gloire des cieux éternels déployons
L’extase aux ailes d’or sous la dent des lions.
Multipliez en nous vos douleurs adorables,
Seigneur ! que nous soyions errants et misérables,
Qu’un soleil dévorant consume notre chair !
Le mépris nous est doux, l’outrage nous est cher,
Pourvu que, gravissant la cime du supplice
Nous puissions jusqu’au bout tarir votre calice,