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Et tout chargés d’opprobre et couronnés d’affronts,
D’une épine sanglante auréoler nos fronts !
Ô morne solitude, ô grande mer de sables,
Assouvis nos regards de choses périssables,
Balaie à tous les vents les vieilles vanités,
La poussière sans nom des dieux et des cités ;
Et pour nous arracher à la matière immonde,
Ouvre ton sein de flamme aux transfuges du monde !
Fuyons ! voici venir le jour mystérieux
Où, comme un peu de cendre aux quatre vents des cieux,
La terre s’en ira dans l’espace sublime.
Oh ! combien rouleront par le brûlant abîme !
Mais l’Ange par nos noms nous appellera tous,
Et la face de Dieu resplendira pour nous !