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Le vent passe au sommet des herbes ; il s’éveille.
Jette un morne regard au loin, et tend l’oreille.
Le désert est muet. Vers les cours d’eau cachés
Où fleurit le lotus sous les bambous penchés.
Il n’entend point bondir les daims aux jambes grêles.
Ni le troupeau léger des nocturnes gazelles.
Le frisson de la faim creuse son maigre flanc :
Hérissé, sur soi-même il tourne en grommelant ;
Contre le sol rugueux il s’étire et se traîne.
Flaire l’étroit sentier qui conduit à la plaine.
Et se levant dans l’herbe avec un bâillement,
Au travers de la nuit miaule tristement.