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Le retentissement des mornes harmonies !
Montagnes, que mon souffle a fait germer; torrents,
Où s’étanche la soif de mes peuples errants ;
Vous, fleuves, échappés des assises polaires,
Qui roulez à grand bruit sous les pins séculaires !
Et vous, vierges, dansant sur la courbe des cieux,
Filles des claires nuits, si belles à mes yeux,
Otawas! qui versez de vos urnes dorées
La rosée et la vie aux plaines altérées !
Et vous, brises du jour, qui bercez les bouleaux,
Vous, îles, qui flottez sur l’écume des eaux ;
Et vous, noirs étalons, ours des gorges profondes,
Loups qui hurlez, élans aux courses vagabondes ;
Et vous, brouillards d’hiver, et vous, brèves clartés,
Qui flamboyez une heure au front d’or des étés !
Tous ! venez tous, enfants de ma pensée austère,