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Ah ! dans vos lits profonds quand je pourrai descendre,
Comme un forçat vieilli qui voit tomber ses fers,
Que j’aimerai sentir, libre des maux soufferts,
Ce qui fut moi rentrer dans la commune cendre !



Mais, ô songe ! les morts se taisent à jamais.
C’est le vent, c’est l’effort des chiens à leur pâture ;
Cest ton morne soupir, implacable nature !
C’est mon cœur ulcéré qui pleure et qui gémit.



Tais-toi. Le ciel est sourd, la terre te dédaigne.
À quoi bon tant de pleurs si tu ne peux guérir ?
Sois comme un loup blessé qui se tait pour mourir
Et qui mord le couteau, de sa gueule qui saigne.