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Ô Çanta, coupe pure où ses lèvres fidèles
Buvaient le flot sacré des larmes immortelles,
C’était toi qu’il pleurait, toi, son unique bien,
Auprès de qui le monde immense n’était rien !
Et, comme il t’appelait de son âme brisée,
Tu vins à ses côtés t’asseoir dans la rosée,
Joyeuse, et tes longs cils voilant tes yeux charmants,
Souple comme un roseau sous tes blancs vêtements,
Et faisant à tes bras, qu’autour de lui tu jettes,
Sonner tes bracelets où tintent des clochettes.
Puis, d’une voix pareille aux chansons des oiseaux
Quand l’aube les éveille en leurs nids doux et chauds,
Ou comme le bruit clair des sources fugitives,
Tu lui dis de ta bouche humide, aux couleurs vives :