Page:Leconte de Lisle - Poëmes et Poésies, 1855.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50

Le jeune homme au front ceint de lotus, calme et pâle,
Monte sans hésiter sur la pierre fatale ;
Tous ses membres roidis sont liés au poteau,
Et le prêtre en son sein va plonger le couteau.
Alors il se souvient des paroles du sage :
Il prie Indra qui siège et gronde dans l’orage,
Et sept fois, l’hymne saint que tous disent en chœur,
Fait hésiter le fer qui doit percer son cœur.
Tout à coup, des sommets du ciel plein de lumière,
La foudre inattendue éclate sur la pierre ;
L’airain du pilier fond en ruisseaux embrasés ;
Çunacépa bondit, ses liens sont brisés ;
Il est libre ! À travers la foule épouvantée,
Il fuit comme la flèche à son but emportée.
Aussitôt le soleil rayonne, et sur le flanc
Un étalon fougueux, dont tout le poil est blanc,