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Page:Leconte de Lisle - Premières Poésies et Lettres intimes, 1902.djvu/198

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et lettres intimes

Que ton vol est lointain, que ta noble louange
Jette, vibrants et beaux, de parfums sans mélange,…
Alors que ces clartés dans les cieux jaillissant,
Doux lustres de nos nuits qu’allume un doigt puissant,
Et que nourrit sans cesse une immortelle flamme,
Pâlissant aux éclairs qui sortent de ton âme,
S’éteignent à la fois dans l’espace surpris
Dont les profonds échos rendent les vastes cris !…


II


Lélia, Lélia, tes sublimes pensées
S’abattent maintenant sur leurs ailes brisées
Par l’éclair souverain…
Aigle déchu mais beau, meurtri comme l’Archange
Dont l’orgueil fit pâlir la divine phalange,
Tu gardes son dédain !…
Lélia, Lélia, pauvre âme inconsolée,
Cœur éteint, lys flétri dans l’humaine vallée,
Cygne exilé des cieux…
Oh ! pleure, et doucement incline ta jeune aile,
Pour reposer bien loin de la voûte éternelle
Ton essor gracieux !…
Lélia, Lélia, merveille étincelante,
Ton souvenir, ainsi qu’une lame brûlante,
Se grave dans les cœurs ;
Météore éclatant qui jaillit dans notre ombre,
Âme faite d’airain, âme implacable et sombre.