Page:Lectures romanesques, No 131, 1907.djvu/2

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QRPHtLMS D’hUSk Ct Oraaâ Roman dramatique Pat» Pjlui* BERTNAY QUATRIEME PARTIE Les Enfants de Jean-Paul IX (Suite.) s n’ai jamais pu en tirer un renseignement... à peine quelque indice... — Lequel ?... Je vous en supplie... mon enfant... dites-le moi... Ah ! si vous saviez. .. si vous saviez comme ma vie est attachée à vos paroles !... — Mais... faisait-il tout tremblant, mais... elle parlait de l’Alsace... — Oui, c’est cela, de l’Alsace... — Toujours elle voulait m’arracher à un péril imaginaire... — Oui... un péril... lequel ? — Un péril de mort certainement... un péril auquel j’ai dû échapper par miracle. — Oh ! oui, par miracle, répondait en frissonnant l’inconnue — Ce devait être pendant un assaut ou use bataille. — Oui... oui... une bataille... — Parce qu’il suffisait de parler de soldats pour F épouvanter... — Et puis, et puis ? — Dès qu’elle voyait des armes à feu Ml terreur la ressaisissait... — Et... jamais elle ne prononçait de nom ?... — Si... dernièrement encore... elle a, par deux fois, désigné une région... — Chênebourg, peut-être ?... — Non... jamais je ne l’ai entendue parler de ce pays... — Ou bien Altkirch ?... — Non... elle n’a parlé que d’un bois... un bois dont le nom, bien banal, hélas ! ne me renseigne pas sur sa situation... Cependant, elle a ajouté que c’était en allant à Montbéliara. — Et ce bois s’appelle ?... — : Le bois des Schlittes... Ah ! quelle indicible surprise ! A ce mot, cette femme pleurant, riant, délirant de ioie, s’était jetée à son cou... et, au milieu de’ces folles caresses, elle criait en sanglotant : — Mon enfant... mon Georges î Je t’ai retrouvé !... C’est donc bien toi que je serre dans mes bras, sur mon cœur !... Ah ! que le bon Dieu est bon... que je suis heureuse... mon Georges... mon enfant adoré... Balbutiant, lui aussi, osant à peine répondre à ces étreintes, dont la douceur le pénétrait jusqu’au fond de l’âme, il lui demandait : — Par grâce... dites-moi qui vous êtes... Et voilà que cette femme, au milieu de ses baisers et de ses larmes, lui répondait éperdument :

— Ta mère, mon Georges... ta pauvre,

mère, qui, depuis tant d’années, t’a perdu et te cherche en vain...