Partons, ce n’est que là qu’on peut cacher ses jours,
Qu’on peut aimer sans cesse, en le disant toujours.
Que m’importe la France, et son faste inutile !
Ma patrie est aux lieux où j’aimerai tranquille ;
Le bonheur sans témoins dure le plus long-temps :
L’Eden tant regretté n’eut que deux habitans.
Et ne crains pas qu’un jour mon loisir sédentaire
Suive d’un œil jaloux la marche de la terre ;
Quand, sachant quelle course il lui reste à fournir,
Du haut de sa mémoire on voit dans l’avenir,
Ce n’est pas l’homme heureux qui peut s’occuper d’elle.
La solitude apprend à se rester fidèle.
Qu’on voit, avec mépris, en ne s’y mêlant pas,
Ce stérile reflux des choses d’ici-bas,
Ce cercle monotone, où l’histoire s’agite !
C’est un rêve qui meurt au moment qu’il nous quitte,
Sans laisser plus de trace au fond de notre esprit,
Qu’une barque sur l’onde, un éclair dans la nuit,
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