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Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/239

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De rapporter ton souffle aux cordes de ma lyre ;
Qu’il entende à ta place, et pour te les redire,
Mes sanglots supplians, ces regrets, ces aveux
Que ma bouche isolée adresse à tes cheveux,
Le dernier talisman, le seul et dernier gage
Qu’aient légué tes adieux aux baisers du veuvage ?
Envoie à mon amour un rêve de ta voix :
Comme, au tomber du jour, un long soupir des bois,
Berce, attendris, console une âme envenimée,
Entoure-moi long-temps de ta mémoire aimée !
Que je puisse un instant, retrouvant ma vigueur,
Dans un chant, qui t’enivre, épancher tout mon cœur
Que le monde attentif devine à mes images
Quel souffle inspirateur a dicté nos ouvrages !
Qu’on sente ta présence errer dans tous mes vers !
Et si mon désespoir, flétrissant l’univers,
Ternit sous mes pinceaux les couleurs du langage,
N’accuse, au lieu de moi, que le sort qui m’outrage :
J’aurais pu réussir, en te voyant toujours.
Mes vers n’auraient vécu qu’appuyé sur tes jours ;