Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/24

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Et fuyant les écueils de ce monde pervers,
De quelque astre idéal abordé l’univers !
Qui n’a pas, fatigué de nos mornes rivages,
De la nuit, comme un char, emprunté les nuages,
De soleil en soleil transporté ses destins,
Respiré les trésors de leurs brûlans jardins,
Et poursuivant le vol de ces îles ailées,
Qui cinglent dans le ciel en flottes étoilées,
Cherché, dans les détours de leurs feux suspendus,
Les êtres bien-aimés que nous avons perdus !
Savons-nous, engourdis sous nos chaînes mortelles,
Si, dans leurs palais d’or, ces ombres fraternelles
N’ont pas quelque regard pour cet humble séjour,
Et veuves sur le trône, où manque notre amour,
De nos vœux attentifs n’exigent pas l’hommage ?
Qui sait, lorsque des morts s’éveille en nous l’image,
Si ce n’est pas leur âme, en deuil d’un souvenir,
Qui descend dans nos cœurs, pour s’entendre bénir ?
L’absence, à cet espoir, paraît moins éternelle.
On ne perd qu’à moitié l’ami qu’on se rappelle ;