Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/25

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Il revient près de nous, lorsque le jour décroît :
Le jour, on s’en souvient ; la nuit, on le revoit.

La splendeur du soleil inspire le génie :
Sous ce foyer brûlant, la pensée infinie
S’échappe du cerveau, comme un de ses rayons ;
C’est le jour, qui préside aux grandes actions,
Mais la nuit nous révèle un plus riche héritage,
Peut-être on pense moins, mais on sent davantage.
C’est l’heure des secrets, et surtout de l’amour :
Pour trouver ce qu’on cherche, a-t-on besoin du jour ?
L’ombre inspire à nos yeux une adresse divine,
Ce qu’on voit s’embellit de tout ce qu’on devine ;
Les fleurs, qu’on n’attend pas, ont un parfum plus doux,
Tout ce qui veille encor n’existe que pour nous ;
L’insecte, qui bourdonne autour des chèvrefeuilles,
La brise, qui voltige, et s’ébat dans les feuilles,
Des hauteurs de l’esprit nous attire à ses jeux,
Et las des pleurs qu’on cherche, on se laisse être heureux.