Forcez nos cœurs blessés à paraître flottans ;
Les femmes n’aiment rien, ou n’aiment pas long-temps.
L’élégance, chez vous, sert de voile aux parjures,
Et votre goût changeant ressemble à vos parures.
Nous, lorsque nous aimons, nous ne voyons que vous,
Nous ne croyons à Dieu qu’en baisant vos genoux :
Grâces, talens, vertus, tout jusqu’au ciel lui-même,
N’est qu’un pâle reflet de la femme qu’on aime.
Vous, votre orgueil calcule, en comptant nos présens,
Ce qu’il gagne d’hommage, ou ce qu’il perd d’encens.
Du moindre adorateur cultivant l’apparence,
Votre amour prévoyant nous remplace d’avance :
On meurt, et votre espoir, tourné vers l’avenir,
Contre un serment, qu’il quête, échange un souvenir.
L’homme aussi vous survit : mais avant qu’il succombe,
Il traîne après ses jours votre incurable tombe.
Plus rebelle au bonheur, qu’un bronze inanimé,
Dans son malheur viril il végète enfermé,
Et pleurant jusqu’au bout d’irréparables charmes,
Ce qu’il a d’existence, il le donne à ses larmes.
Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/42
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