Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/190

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Alors je vis la tombe où mon humble prière
Allait du grand poète invoquer la poussière,
Et déjà plein du dieu qu’admire l’univers,
Comme pour l’adorer, je répétais ses vers.
Les amandiers, courbés sous leur blanche parure,
Et du printemps en fleurs la première verdure,
Ombragèrent mes pas jusqu’au fond des vergers,
Où dort le chantre heureux des bois et des bergers.
N’ai-je point dû frémir d’une ardeur inquiète,
Sur ce sol consacré qui doit rendre poète ?
Morne, hélas ! et plus froid que le marbre glacé,
Où le nom de Virgile est le seul effacé,
Sans pouvoir de sa cendre arracher quelque flamme,
Du désir de penser je tourmentais mon âme.
L’aspect d’un beau pays, si pur, si jeune encor,
Qu’il faut y voir mourir, pour y croire à la mort,
Cet asile où Pétrarque, inclinant son génie,
Vint d’un nouveau langage inventer l’harmonie ;
Ce monument sacré, ce temple, ce tombeau,
Que le Tasse, peut-être, aperçut du berceau,