Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/26

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Ton génie abruti ne les distingue pas.
Connais-tu seulement le nom de tes combats ?
Sais-tu que Dandolo secouant sa vieillesse,
Imposa ta grandeur aux rives de la Grèce :
Que le fier Barberousse, incliné devant toi,
Rendit à ta vertu l’hommage de l’effroi :
Que de Faliero, ta hache populaire
Dut frapper, et frappa la pourpre octogénaire ?
Poursuivant jusqu’au bout sa honte en cheveux blancs,
Tu vis la Liberté pâle et les pieds sanglants,
Entrer dans le sénat, marcher droit à la place
Où l’image du Doge attendait sa disgrâce,
La voiler, et le mur redire épouvanté :
MORT A QUATRE-VINGTS ANS TRAÎTRE A LA LIBERTÉ.
Occupée aujourd’hui de ramper sous un maître,
Tu ne t’expliques point ce supplice d’un traître,
Et tu ne comprends pas ces illustres tableaux
Qui peuplent ton sénat des traits de tes héros !
Ainsi ce ne sont pas les trônes seuls qui tombent :
Comme de simples rois les empires succombent.