Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/82

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Le colosse éperdu veut en vain déchirer
Tous ces linceuls de feu, qui viennent l’entourer :
Le feu qui siffle, et fuit de cordage en cordage,
Resserre à chaque instant le cercle de sa rage ;
Les pâles matelots qui se sentent mourir,
Sur le pont embrasé ne savent que courir.
Assiégés par la mer d’un secours inutile,
Ils poussent, vers le ciel, un cri long et stérile ;
Étouffés ou perdus, leur prière, leur vœu,
Vont comme la fumée et ces flocons de feu
Que dispersent du vent les ailes vagabondes,
S’égarer dans les airs, ou mourir sur les ondes,
D’une horrible parure encor tout palpitants,
Les mâts demi-rompus se balancent long-temps,
Tombent sur des débris, et ces faisceaux de têtes,
Qu’attendait le sérail pour commencer ses fêtes,
Vont, en s’éparpillant sous le pied des vainqueurs,
D’un présage de plus épouvanter leurs cœurs.
Assise sur les flots, la carène fumante,
D’un cercle flamboyant rougit l’onde écumante,