Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/103

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Réglant de loin ses pas sur ceux des bataillons,
De leur marche rusée elle suit les sillons.
Malgré l’airain bruyant qui vomit le carnage,
Un jeune enfant sommeille, appuyé sur son bras,
Sa fille, doux fardeau qui ne fatigue pas,
Qui, semblable à son père, en rajeunit l’image.
Un fils, à ses côtés, se suspend à sa main,
Et sur tout ce qu’il voit l’interroge en chemin.
Elle s’arrête enfin, près d’un bois descendue,
Et cherche, de la plaine embrassant l’étendue,
Ce panache aux crins noirs, que son doigt diligent
Attacha le matin sur un cimier d’argent.
Traversant d’un coup d’œil la fumeuse poussière,
Elle a de son époux reconnu la bannière.
« Oui, voilà mon écharpe, où, brodé de ma main,
« De nos pensers d’amour voltige le refrain ;
« De nos chiffres noués, oui j’aperçois la trace,
« Et les étoiles d’or qui sèment sa cuirasse.
« Ah, pourquoi mes enfans ont-ils besoin de moi !
« J’irais, mon jeune ami, combattre auprès de toi :