Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/118

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Le château d’Arlinkow, avec ses larges tours,
De ses vieux écussons étalait les contours.
Les bergers racontaient que ce manoir antique
Avait été bâti par un être mystique ;
Aussi les bords du lac étaient inhabités.
Le pécheur sur ses flots, qu’on disait enchantés,
N’eût jamais promené sa nacelle et ses rêves,
Ou séché ses filets sur le sable des grèves.
Tandis que le bétail, par la soif dévoré,
A l’aspect de ces eaux s’enfuyait altéré,
L’hirondelle évitant leur surface orageuse
Craignait d’y rafraîchir son aile voyageuse.
Des vagues quelquefois s’y soulevaient soudain,
Comme aux ébranlemens d’un volcan souterrain ;
Et les flots infectés d’une odeur de bitume,
Se brisaient sur les rocs blanchis de leur écume.
Si l’orage au contraire, enveloppant les cieux,
Foudroyait sur les monts le chêne audacieux,
Ou le navire errant sur la mer indocile,
La tempête échouait sur le lac immobile.