Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/182

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Pleurez sans vous cacher, car je n’ai plus d’espoir ;
« J’aime à sentir vos pleurs mouiller mes mains flétries,
« Car je me sens mourir. Et toi, mon bien-aimé,
« Qui vas près de l’autel conduire une autre épouse ;
« Tu m’y verras aussi : mais ce cœur abîmé,
« Ce cœur ne battra plus d’une flamme jalouse ; ,
« Tu seras riche et beau d’opulence et d’orgueil,
« Moi je serai tout près, couverte d’un linceuil.
« J’ai froid, bien froid, mes sœurs… soulevez-moi la tête,
« Que je suis faible, ô Dieu ! c’est donc demain la fête !
« J’irai, je serai forte, et je saurai souffrir…
« Serrez-moi dans vos bras, mes sœurs, je vais mourir. »
Elle mourut. Son corps vêtu d’un long suaire,
Fut, comme elle avait dit, porté le lendemain,
Vers le temple où l’époux, d’une orgueilleuse main,
Conduisait sa conquête au pied du sanctuaire.
Tout à coup de la noce on cesse les chansons ;
Les prêtres sont vêtus de leurs noires étoles,
Et du psaume des morts les lugubres paroles
De la cloche qui tinte accompagnent les sons.