Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/181

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Mais voyez quel orage avance sur Leinster,
Car Dieu ne bénit pas l’union d’Adelgise.
Le vent rase en sifflant la pente des coteaux,
L’orage éclate et gronde ; et l’airain de la cloche
Dont la voix tour à tour s’éloigne ou se rapproche,
Fait, en se balançant, frissonner les vitraux ;
De son réduit plaintif la corneille s’élance,
Voltige autour du toit par la grêle battu ;
Et l’oiseau de la mort, qui jusque-là s’est tu,
Des tombeaux qu’il habite interrompt le silence.
Séchée à son matin par les feux de l’amour,
La vierge délaissée a compris ce présage.
« Tout m’annonce ma fin, j’ai vu mon dernier jour ; »
Disait-elle tout bas aux filles de son âge
Qui pleuraient autour d’elle, et d’un soin complaisant
Présentaient à sa bouche un breuvage impuissant :
« Une funeste voix, que je puis seule entendre,
« Vers un monde nouveau me dit qu’il faut descendre ;
« Et je vois une main que vous ne pouvez voir,
« Dont le signe m’appelle : adieu, filles chéries,
«