Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/227

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Et les ondes du fleuve, et l’herbe des rivages.
Je reconnais encor la forme des nuages ;
Car le vent est le même, et leurs flancs cotonneux
Se découpaient ainsi sur un ciel lumineux.
Rien n’a changé que moi, que ma belle jeunesse,
Que le temps où ma lyre et ma voix sans tristesse
De mes illusions entretenaient les airs.
L’opulence ignorait mes pénates déserts ;
Je vivais oublié sans désirer la gloire,
Voyant mon avenir écrit dans ma mémoire ;
L’Éden environnait mes pas mystérieux ;
Je croyais respirer les pures fleurs des cieux ;
Les eaux étaient d’argent, et l’humide rosée,
Sur l’émail des gazons par la nuit déposée,
Étincelait soudain du feu de mes accords.
Le souvenir du Barde inspirait mes transports ;
Je vivais dans ses vers ; j’étais celui qu’il chante ;
J’aimais tout ; à présent il n’est rien qui m’enchante.
Je ne me souviens plus comment, dans mon repos,
De Fingal et d’Oscar j’évoquais les drapeaux.