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HOMMAGE
AUX MANES D’ANDRÉ CHÉNIER.


Il existe des fleurs, qui, filles des déserts,
De leur baume enchanté n’enivrent que les airs :
Sous des cieux inconnus, des sources favorables,
Qui pourraient nous guérir, et meurent dans les sables ;
Mais peut-être qu’un jour, pour en doter nos bords,
De vigilants vaisseaux surprendront ces trésors.
Semblables à ces fleurs, à ces eaux ignorées,
Dans l’ombre il existait des pages inspirées :
Et ces pages soudain, ces écrits précieux,
Se sont, pour nous ravir, révélés à nos yeux.
Béni soit, ô Chénier ! le talent salutaire,
Qui, de tes vers cachés soulevant le mystère,
Rend à la gloire un nom qu’elle avait entendu,
Mais que depuis long-temps elle croyait perdu.
Puissé-je d’une main, par la justice aimée,
Consacrer à mon tour ta lente renommée !