Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/101

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Aux lieux où vit ton âme écoute mes accents :
Du plus obscur mortel les dieux aiment l’encens.

Que te servit, hélas ! jeune héritier d’Homère,
D’avoir eu, comme lui, Mnémosyne pour mère’?
A ton luth éploré le Pinde a répondu ;
Mais les Muses, tes sœurs, ne t’ont pas défendu :
Et, des chants généreux divine protectrice,
La Liberté muette a permis ton supplice.
Toi, de l’antiquité prêtre si curieux,
Ta cendre est sans demeure : et tes mânes pieux,
Au seuil fermé du Styx errant à l’aventure,
Attendent sans espoir la sainte sépulture.
Ah ! du moins à son nom qu’on dresse un souvenir :
Ouvrons son urne vide aux pleurs de l’avenir !
Vous y verrez souvent les Grâces attentives
Accuser de sa mort les Parques trop hâtives :
Et comme allaient jadis, sur le tombeau des preux,
S’aiguiser des soldats le glaive valeureux,
Nos poètes iront, vers sa pierre honorée,
Chercher l’écho vivant de sa voix expirée.
Penseur aux lèvres d’or, retourné vers le ciel,
Je te consacrerai le lait pur et le miel.
C’est à moi de bâtir ton autel mortuaire,
A moi, pâle habitant de l’humble sanctuaire,