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LES DEUX AVEUGLES.


PROLOGUE.


Les ouvrages de l’homme ont son cachet fragile.
Les toiles du Lorrain, les tableaux de Virgile,
Les bas-reliefs d’Homère, et ceux de Pausias,
Ces batailles de marbre, où combat Phidias,
Ces tombeaux de Memphis, funèbre fourmilière,
Où l’Égypte à son aise eût tenu tout entière,
Tous ces témoins altiers d’un débile pouvoir,
L’œil, en les admirant, se lasse de les voir.
On mesure, étonné, ces vastes Babylones,
Ces mornes légions de temples, de colonnes,
Que notre faible main dresse à vaincre le temps,
Et le peuple sculpté de ces dieux impotents,
Dont l’argile d’un jour dure encor plus que l’homme
On va chercher bien loin Thèbes, Palmyre on Home