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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/109

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De vieux morceaux de ville, et de jeunes cités.
Pompeux certificats de nos infirmités :
Puis le dégoût vous prend d’une œuvre si grossière ;
Cette immortalité de plâtre et de poussière
Nous fait pitié de nous, et de nos pauvres arts :
Le dégoût de l’esprit passe dans les regards,
Et notre œil, fatigué de ces pâles spectacles,
Va demander, au ciel, où sont les vrais miracles.

Contemplez la nature : elle n’en manque pas.
Une fleur, qui sourit ou qui meurt sous nos pas,
Ne vaut-elle pas mieux que ces bouquets de marbre,
Plantés par le ciseau sur un fantôme d’arbre ?
L’obélisque ondoyant de nos grands peupliers
Fait honte, en nos palais, au granit des piliers.
Quand on a vu de près nos merveilles stériles,
On aime mieux les champs, que les plus belles villes :
Les forêts, que leurs parcs soigneusement taillés,
Et d’herbe symétrique à grands frais habillés.
Les Alpes, et leur front chamarré de nuages,
Et leurs remparts de neige armés de pins sauvages,
Où chante, harmonieux, le frais ruban des eaux,
Valent mieux mille fois que nos muets châteaux,
Levant sous un ciel gris leur coupole chinoise,
Leur couronne de brique ou leur tête d’ardoise.
Des ans, qui parmi nous viennent tout dégrader,
La nature soigneuse a l’air de se farder,