Aller au contenu

Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Oh ! laissez-moi chercher l’humide exil des bois !
Tout, pour plaire à messens, s’y transforme à ma voi x :
Là, confident de Dieu, mon esprit, qu’il épure,
Semble, en se l’expliquant, recréer la nature.
Où se presse la mousse en duvet étoile,
C’est un ciel d’émeraude, à mes pieds déroulé,
Dont le peuple invisible, errant de gerbe en gerbe,
Croitchangerdeplanète, enchangeantdebrin d’herbe :
L’églantine qui tremble, en se penchant sur l’eau,
C’est l’âme, qui se mire en un monde nouveau.
Détachés du fuseau de la vierge qui file,
Quand mdle flocons blancs,’qui volent à la file,
Sèment de leur blancheur tous ces pilastres verts,
Dirait-on pas qu’il pleut ou qu’il neige des vers ?
Le vent jette, en passant, des promesses de gloire,
Et, sans qu’on les écoute, on se prend à les croire :
Le génie, avec l’aigle, emporté dans les airs,
Éparpille, en fuyant, son écharpe d’éclairs,
Et nous, électrisés par ces mille étincelles,
Nous montons vers les cieux, en lui prenant ses ailes.

Quand l’aurore y suspend son luxe oriental,
J’aime à hanter des bois le dôme végétal :
A voir sous les arceaux, où mon cœur se recueilfe,
Les oiseaux prier Dieu dans leurs niches de feuille,
Et le vent du matin, qui câline les fleurs,
Éveiller leur encens, en y jetant ses pleurs.