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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/139

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Descendu dans la lice, ouverte aux jeux du ceste,
La palme, sans partage, échut au front d’Oreste :
Et la lutte étouffante, et les coureurs légers,
Lui firent une gloire égale à ses dangers.
Il voulait, signalant son indomptable adresse,
Dans ses ressentiments intéresser la Grèce ;
Et, leur laissant prévoir de plus mâles combats,
De ses admirateurs se faire des soldats.
Hélas ! que la fortune a des faveurs peu sûres !
Ses bienfaits n’ont souvent caché que des blessures
Quand le sort veut nous perdre, il n’est point desecours
Qui de son bras de fer puisse affranchir nos jours.
Le lendemain, Oreste à la course s’apprête,
Traîné par deux coursiers, nobles fils de la Crète,
Dont la bouche frémit et blanchit sous le frein.
L’airain sonne ! on palpite à la voix de l’airain,
Et douze chars pareds, entrant dans la carrière,
Disparaissent de front sous des Ilots de poussière.
Le stade, en un moment, est six fois parcouru ;
Mais la prudence exacte a trop tôt disparu.
Plus on veut se presser, et plus on s’embarrasse :
Les chars, sans le savoir, retournent sur leur trace
On se croise, on s’aborde, et ces paisibles jeux
Offrent, des noirs combats, le spectacle orageux.
Sur le crin des coursiers te fouet léger se joue :
L’essieu brûle, le feu fume autour de la roue :
Et de ce double appui plus d’un char dépourvu
Elève dans le cirque un écueil imprévu.