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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/140

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L’arène est une mer, dont les vagues terrestres
Se hérissent au loin de naufrages équestres.
L’hippodrome bientôt, déserté par l’effroi,
Reste à deux concurrents : le fils d’Atride, et moi ;
Et je ne prétends pas au prix que je dispute.
Oreste, plus habile en ces sortes de lutte,
Laisse fuir vers la borne un rival moins expert ;
Mais là, ressaisissant l’avantage qu’il perd,
Il raccourcit soudain ses rênes vers la droite,
Les abandonne à gauche, et de sa roue adroite,
Serre, en tournant, mon char, qui penche de côté,
Et, parmi les débris, va rouler emporté,
Tandis que ses chevaux, que sa voix aiguillonne,
A pas multipliés vont chercher sa couronne.
Pourquoi faut-il, hélas ! que son regard pieuv
Ait voulu saluer les images des dieux !’
De leur autel fatal il ne voit pas la base
Tendre un piège de marbre à l’essieu qui la rase î
Il s’y heurte. Affaibli par sa rapidité,
Le char brisé s’abat. Sous les rênes jeté,
Oreste, en s’agitant, se relève, retombe…
Et ses coursiers vainqueurs le traînent à la tombe.
D’Oreste, tout sanglant, j’aperçois le péril,
J’arrête les chevaux : « Je suis vainqueur, dit-il ;
Mais le ciel ne veut pas qu’Électre me revoie.
Allez dans mon Argos, mon espoir et ma joier
Lui remettre ma cendre… » U soupire : et ses yeux,
Se souvenant d’Argos dont ils cherchent les deux,