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JULIA.


ÉLÉGIE D’UNE JEUNE FILLE.


Nous sommes au printemps, et nos bois sont déserts,
Et le printemps n’a pas, ramenant ses concerts,
Réveillé les oiseaux, endormis sous les branches :
L’aubépine est en deuil, et les frêles pervenches,
De leurs boutons meurtris s’échappent sans couleur :
Les vergers languissants, altérés de chaleur,
Au lieu de nous sourire à travers le treillage,
Balancent dans la brume un aride feuillage :
Depuis que Julia n’habite plus ces lieux,
Il semble que l’hiver ne quitte pas les cieux.
Je l’appelais ma sœur, elle était la plus belle :
La neige d’un matin était moins blanche qu’elle,
Et nos miels savoureux, moins doux que sa bonté.
Pure, elle respirait la vie avec gaîté,
Et ne s’attendait pas à voir sitôt l’orage
Mêler sa jeune tige aux épis d’un autre âge,