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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/148

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Des prodiges de l’art écho si chatouilleux,
L’oiseau ne répond pas : l’homme écoute, et joyeux,
Voyant que son rival n’a pas pris sa volée,
Il croit du rossignol la gloire désolée.
Mais sûr de ses trésors, le ménestrel des bois
Réveille tout à coup les perles de sa voix :
Et la nuit pacifique entend, pour la bataille,
De ses notes d’argent pétiller la mitraille.
Ses trilles belliqueux simulent tour à tour
L’éclat cuivré du cor ou l’appel du tambour.
Sous le, pli d’une feuille il fait tenir la guerre :
Au niveau du chanteur l’image se resserre ;
Mais rien n’est oublié, mais rien ne s’affaiblit.
Ainsi quand le graveur, sur l’airain qu’il polit,
Calque, en la réduisant, une image connue,
Sans changer les objets, son art les diminue.

Le luth n’est pas vaincu, mais il est égalé ;
C’est presque une défaite : et du chantre isolé,
Qui défend vaillamment l’honneur de son ramage,
Le citharède alors veut tenter le courage.
Il l’appelle en duel une dernière fois :
Sur les fils de la lyre il fait voler ses doigts,
Plus légers que l’oiseau, dont l’aile, en deux secondes,
Visite plus de fleurs que nos regards de mondes.