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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/160

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J’oserai dans mes chants, géomètre oratoire,
Des cercles de la sphère environner l’histoire,
Asservir au calcul ses fastes incertains,
Et, sur l’ordre des cieux ordonnant nos destins,
De ce double chaos débrouiller les archives.
Semblable à ce colosse, appuyé sur deux rives,
Qui voyait chaque jour, entre ses pieds d’airain,
De vaisseaux en vaisseaux passer le genre humain,
Et les siècles comme eux rouler avec les ondes,
J’ouvrirai mon compas au passage des mondes.

III.
Quand l’homme, qui s’ignore, entre dans sa raison,
Et, de ce champ confus parcourant l’horizon,
Compare sa pensée aux objets qu’elle embrasse,
Il sent qu’elle remplit je ne sais quel espace,
Où tout, comme dans l’autre, a sa place et la prend ;
Chaque astre, comme en haut, y navigue à son rang.
Tout ce qu’il aperçoit se concentre dans l’homme :
Sa pensée est un ciel, qui n’a pas d’astronome.
Reste à voir désormais s’il peut en avoir un,
Et si tous les soleils ont un centre commun.

IV.
L’homme, dont la pensée est le miroir des sphères, De leurs lois d’action réfléchit les mystères,