Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les siècles enrôlés passeront dans mes vers :
Et nous irons ensuite assiéger l’univers.

VI.
Aussitôt que la nuit eut déplié ses voiles,
Et dans des flots d’azur semé l’or des étoiles,
Ce spectacle muet, éveillant les humains,
Leur fraya, vers le ciel, de merveilleux chemins.
Du poids de l’infini leur âme fut pressée,
Et la soif de connaître altéra la pensée.
Sur la nature alors, on vit, de toutes parts,
De rustiques savants attacher leurs regards.
Curieux des aveux, que la science épie,
Les pasteurs de Babel et de l’Ethiopie,
Des astres, les premiers, scrutèrent les secrets,
Et, feuilletant des yeux leurs miracles abstraits,
Commencèrent du ciel l’interminable histoire.
Dès les premiers assauts leur cédant la victoire,
La lune, obéissante aux disciples d’Atlas,
Leur avait dévoilé le cercle de ses pas,
Et de ses feux changeants l’invariable source.
Le soleil, à son tour, mesuré dans sa course,
Avait forcé le temps de marcher comme lui ;
Mais telle qu’un levier, brisant son point d’appui,
L’intelligence humaine, encor brute et sauvage,
Soulevait des fardeaux, trop pesants pour son âge.