Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/163

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Les esprits divisés, moins forts qu’audacieux,
Marchaient isolément sur la route des cieux :
Et les cieux attaqués voyaient, dans cette lutte,
Chacun de leurs élans n’amener qu’une chute.
L’homme, bientôt lassé de tant de vains efforts,
Du monde indéchiffrable inventa les ressorts,
Et croyant plus aisé de créer que d’apprendre,
Il refit l’univers, qu’il ne pouvait comprendre.
Il n’y réussit pas mieux qu’à le concevoir :
Et le mot de l’énigme est encore à savoir.

VII.
L’Orient, scrutateur des lois de l’existence,
Ne reconnut partout qu’une seule substance,
Qui, toujours immuable en sa diversité,
Faisait servir la mort à son éternité.
L’essence la plus pure avait formé Dieu même.
Rayons multipliés de ce foyer suprême,
Les astres, comme autant de moules radieux,
Avaient donné naissance à ces milliers de dieux,
i}ui gouvernent leur vol dans les champs de l’espace :
Et de la terre, enfin, l’inerte et lourde masse
N’était plus que la vase, et le fond du chaos.
Ce globe limoneux, engourdi sous les eaux,
Remué par les vents, battu par les orages,
D’un feu générateur nourri par ses naufrages,