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Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/170

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Ne sachant d’où l’on sort, où l’on va, ni pourquoi
On s’obstine à creuser le ciel, le monde, ou soi,
Au premier vent qui souffle on laisse aller sa barque.
Flottant sans gouvernail, sur la foi d’Anaxarque,
Le genre humain alors, toujours prêt à heurter,
D’un bout du globe à l’autre erre sans s’arrêter.
Tantôt le mouvement gouverne la matière,
Tantôt, comme une masse, elle dort tout entière.
Rien ne croît, rien ne vit, rien ne meurt : et Pyrrhon,
Condamnant son œil d’aigle à ne voir qu’en ciron,
Fait un rêve de tout, même de la morale.
La nature, en tournant, emporte ce scandale.

XV.
Le mouvement, le vide, est réhabilité.
Voluptueux par goût, sage par volupté,
Epicure, en riant, succède à Démocrite,
Et parfume de fleurs ses lois qu’il ressuscite.
Dans les champs de l’éther les atomes bercés,
Se touchent dans leur vol, et volent enlacés.
Ces atomes, unis par des nœuds invisibles,
Dans leurs combinaisons forment les corps sensibles :
Et, soumis à leur tour à ces hymens sacrés,
Les corps obéissants, l’un vers l’autre attirés,
Vont, en se mariant, donner naissance aux mondes.
D’un principe divin les semences fécondes