Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/179

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XXVI.
Cependant Rome tombe, en cherchant l’Orient.
Vieux vaisseau, dont le bord crie, en s’expatriant,
L’empire à la dérive a perdu ses amarres,
Et chancelle : l’Europe est en proie aux barbares.
L’arbre philosophique expire en Occident.
S’il semble rajeunir dans un sol plus ardent,
Bientôt le fier palmier, séché dans sa racine,
Se noircit branche à branche, et sa tête s’incline.
Faible, que pourra-t-il rapporter désormais ?
Des feuilles, quelquefois : mais pour des fruits, jamais.

XXVII.
Chaque âge, chaque peuple arbore une imposture ;
Partout, hors dans son sein, on poursuit la nature.
Sur ces mers de secrets, qu’on ne peut défricher,
Si l’on croit voir, propice aux écarts du nocher,
Un sage inattendu s’élever comme un phare,
Des flots d’oubli, poussés par une force ignare,
Passent sur ce fanal : et du frêle flambeau,
La lueur disparaît sous ce morne fardeau.
Dans ce chaos pâteux, dans ce limon de brume,
Un autre portera les rayons de sa plume :