Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/184

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Des langes d’Aristoteil affranchit ses pas,
Ne marche qu’appuyé sur son large compas,
Et pour se diriger loin des flots de l’école,
D’une méthode exacte invente la boussole.
Du doute, dans son âme, il porte le flambeau,
Voit naître la pensée au foyer du cerveau,
La poursuit pas à pas, et la voit, d’elle-même,
Pousser ses grands rameaux jusqu’à l’Ètre-Suprême.
Il se défait des sens, pour juger leur pouvoir :
Il s’isole de lui, pour mieux s’apercevoir,
Voyage dans son âme, et décrit ses voyages.
Trop grand pour s’enfermer dans les mêmes ouvrages,
Il passe, tour à tour, et presqu’en même temps,
De l’univers de l’âme à l’univers des sens,
Les fait marcher de front, les étudie ensemble ;
Tous les rayons épars, sa tête les rassemble,
Et vers un point commun les force à se mouvoir.
Joignant à ce qu’on sait tout ce qu’on peut savoir,
Il s’en fait un levier, aussi bien qu’une sonde.
Une géométrie, inspirée et profonde,
Abrège ses travaux : et, pour les exprimer,
La langue du calcul semble se transformer.
C’est peu de préparer ainsi ses découvertes,
Il veut toucher lui-même à ces plages désertes,
Où personne, sans lui, ne pouvait aborder ;
C’est peu de découvrir, il aspire à fonder.
Il scrute la matière, en devine l’essence,
Et, de ses éléments ordonnant la puissance,